24.11.07

Ensuite. [8/12]


8. Lundi. 15. Dimanche. 11. Lundi. 12. Mardi. 13. Ville de N.


Et ce fut le chant un. Tu te souviens ? Ce fut le chant deux. Ce fut le trois. Ce fut la guerre de. Maintenant. Voilà. Voilà le quatre. Tu vois. Nous sommes quatre. Je te l’avais dit. Moi. Le moment que j’ai préféré, c’est lorsque la femme qui les a tous fait partir à la guerre, elle leur parle. Je ne me souviens pas, c’était quand. Tu étais là pourtant. Pas entendu. Je devais faire autre chose. Je devais écrire à quelqu’un. Tu étais là, je t’assure, avec nous. Je n’en doute pas. J’étais là. Je suis là. Tu es là, maintenant, n’est-ce pas. Tu es à nouveau parmi nous. Suis jamais parti. Pas encore reparti. Qu’est-ce qu’elle dit ? Elle dit : comment T s’en est allée et comment les 108 se demandent s’il va revenir. Tu vois. Elle parle de moi. Elle parle de moi tout le temps. Elle m’adore. AINSI CE SOIR JE NE LIRAIS PAS. ON VERRA BIEN SI JE SUIS LA. Je compte. Jusqu’à cinq. A cinq, je suis libre. A cinq, je quitte l’île. Je rejoins ma femme. Je le jure c’est ma femme que je rejoins. Je provoque une tempête. J’accuse le ciel. Je raconte tout à tout le monde. Comment j’ai survécu. Comment j’ai laissé des lambeaux de chair sur les rochers, comment je cicatrise à la vitesse de la lumière, touchez, je vous en prie, vous sentez comme c’est lisse, arrêtez, on nous regarde, voici mon adresse e-mail. Entre quatre et cinq, oui, plutôt le matin, non, là je n’entends plus rien. Je quitte le cercle. Manger. Retranscrire les données relatives à la construction de la maison par le récit. Le héros, c’est nous. 3h48. Relire les notes. 4h06. Retour chez moi. Cher M. Voilà, regarde, ce qui part demain. Et qui déjà te regarde. Est-ce que tu le vois. Cela qui par deux mains se tisse d’une ville à l’autre. L’invention d’un espace. Le récit d’une distance. Ce n’est pas le récit d’un temps. O. C’est le récit de l’espace. C’est le premier récit de l’espace mental. U, il invente l’espace mental. Oui. Tu vois. Ça s’appelle : la fin possible de l’effroi. C'est beau. Ce que tu as / écrit le beau / veut dire. La fin possible de l’effroi. Nous touche tous. Jusque dans la chair. Et les couilles de C, et la cuisse de J, et le crane de R, ta chair mon esprit ton esprit ma chère, oui c’est ça, sois poli, fais le malin. Attends, je vais te dire une chose. A propos de A, moi, je la connais, eh bien je peux te dire qu’elle a compris qu’elle avait les deux, esprit et chair, cher esprit, si tu lui demandes, elle va te dire oh non, la cuisse, c’est bien trop trivial, et clin d’œil, elle te parle de son armée de francs tireurs, et je te jure, elle est belle, ta fin possible de l’effroi, c’est elle, c’est A, ça m'intéresse de savoir ce que tu en penses, ça m’intéresse, de savoir ce que tu sais de U, maintenant que tu trafiques un peu avec lui, regarde, j'ai essayé de prendre des photos, elles sont pourries, matériel moderne bas de gamme pour femme archaïque avec des ailes, je vais m’envoler, ils ne vont rien comprendre, ils pensent comme toi que les yeux sont morts, quelle joie : que le désaccord. Mes images, est-ce que tu les vois. Il y a des flux, entre nos machines. Par eux : transitent les images premières, qualité sale et floue. Je poste le vrai papier demain, tôt le matin. Je prends le bus : à 7h00, avec des lycéens, je remonte dans le temps, en même temps : c’est aujourd’hui. Et ainsi de suite, chaque jour, jusqu’à la fin. J'ai surtout dessiné sur la parole. Ce que c'est que de raconter. De mentir. De manger. De faire du bateau. De baiser. De compter. Tu as remarqué ? Il y a mille et un, mille et trois, mais pas mille et deux. Qu’est-ce qu’on fait avec ça. Moi, avec ça, je vois un homme qui chante. Un homme très loin. La dernière chose qui lui appartient encore, c’est la parole. C’est ça son pays. Il est poilu. Est-ce que son pays est poilu. Est-ce que sa parole est poilue. Est-ce que sa parole vient en retard. Ou juste à temps. Passe-moi ta parole. Viens. Trafiquons. Ils sont tout une bande. Je les vois. Je n’y suis pas mais je les vois. Ça passe, ça circule, ça hante, ça chante, ça rentre dans l'oreille, ça pénètre le crâne et la parole est-ce qu’elle part du cœur de l’autre. J’aime ça. Un homme qui parle. Un homme qui écoute. Et c’est d’un coup très calme et c’est la nuit. Je vous vois tous très clairement. Vous n’êtes plus très nombreux. La circulation de l'histoire dans le temps devient la circulation de l’histoire du temps et c’est ça l’espace mental, rien d’autre. J’émets des hypothèses. Certains corps émettent des rayons. Moi j’émets des hypothèses. Elles ont des yeux et des mots, mes hypothèses, et chacun de nous, tous, on a tous des mots et des yeux. J’émets des hypothèses : très humaines. Quel mot s'échappe, fille, de l'enclos de tes dents? J’émets des hypothèses : où l’homme quand il ouvre la bouche : c’est la lumière qu’on entend. A demain. Pour de nouvelles aventures. M. 5h08. M. De retour chez moi. M. Lecture de ton mail. Tes dessins. Tout ça me plaît. Beaucoup. Là. Quelque chose où crane oreille et bouche et cœur savent ensemble toucher. Ecrire. Avec eux. Retour. Chez moi. J'ai pensé. Un instant dormir là-bas. Avec eux. Mais un rendez-vous tout à l'heure à huit heures. Retour. Chez moi et sans eux. Par les rues plongées dans le brouillard. La surprise, du brouillard, en sortant de P. Les raies de lumières à travers le brouillard. Une fille, allongée sur le trottoir, qui vient de tomber. Je m'arrête. Je demande si ça va. Elle est avec un homme. Ils sont ensemble. Plus ou moins. Il ne veut pas m'aimer dit-elle. Cela fait huit ans que ça dure. J'ai couru, je suis tombée. Lui, il n'arrive pas à savoir si je le fais marcher ou si j’ai vraiment très mal à la cheville et s’il peut ou pas me laisser et rentrer chez lui. Il a très envie. De rentrer chez lui. J’ai très envie. Qu’il m’aime. Tout ça, pendant huit, dans les sourires. Je les laisse, tous les deux. Plus loin, deux voitures de la police nationale. Mon vélo. La nuit. Le brouillard. Le retour. Les cheveux humides quand j'arrive chez moi. Je me sens bien. Heureux de ce qui se trame. De ce que nous tramons. Là. A très bientôt pour la suite. Je t'embrasse. M.

Prendre l’air. Un peu sortir. Prendre l’air. Pas très envie d’aller dehors. Mais. Très envie de. Besoin. Grand besoin. De prendre l’air. Tu veux aller où. Je ne sais pas. Je ne vais pas. Rester ici. Je vais aller. Je sors. J’habite une île dont j’ignore le nom. Je traverse un immeuble en construction. Un passage, là, sera bientôt fermé, lorsque l’immeuble sera fini. Le bord de la rivière. Dimanche. Les familles. Un homme, avec une télé-commande dans les mains. Il télécommande un bateau à voile. Un bateau électrique, à voile. Une machine, contre le vent. Je m’arrête. Une fois. Deux fois. Je regarde. Je n’aurai pas du boire ce verre de vin avant de partir. Plus j’avance, moins j’ai envie d’avancer. Plus il avance, moins il a envie de rentrer. Plus j’avance, moins je trouve les raisons pour avancer. Plus il rentre, et plus les raisons du retour s’enfuient. Parfois, tu sors sans savoir quoi tu vas chercher, ni où, et c’est bon. Si tu guettes, si tu attends, tu es perdu, tu le sais. Il y a quelques marches d’un escalier assez étroit et qui s’enfonce dans l’eau. C’est beau. C’est accessible. C’est là. Plus loin, il y a une table, un énorme bloc de granit, au bord de l’eau, je m’assois, j’écris quelques mots. Des marches. Avec but. Des marches. Sans but. Des marches. Où tu cherches le but. Des marches. D’un escalier assez étroit et qui s’enfoncent dans l’eau. C’est beau. C’est accessible. C’est là. Plus loin, au centre de la ville, j’abandonne. Retour chez moi en tramway. Pour des raisons de sécurité ça ne va pas être possible. Dit le chauffeur. J’essaye à nouveau le lendemain. C’est mieux. J’ai rendez-vous dans un bar. Je marche vite. Il fait froid. Dans quatre jours c’est le jour anniversaire du jour de la naissance de mon père. Je fredonne je t’ai connu tu m’as connu gloire aux yeux au plus loin des nues. Je n’ai pas du tout envie de lire. Je n’ai jamais envie de lire. Je veux découvrir quelque chose. Tu me donnes. Envie de lire. Retour chez moi. J’essaye à nouveau le lendemain. J’ai un rendez-vous (2). Il veut qu’on se voit plus souvent. Arrête, sinon je prends la mer. Il me sourit. Il me dit : or donc, ça vous secoue. Il y a quelque chose. Que je ne peux fondamentalement pas me refuser. C’est quoi le mot pour dire ça. Dans un bar, en attendant l’ouverture de la librairie pour y acheter un livre pour l’anniversaire de la naissance de mon père. J’avance dans ton secret, sur le chemin que m’a offert M, et que j’ai pris. Le secret de U, c’est la mer, dit M. Et la mer est stérile, n’est-ce pas, sans moisson. Papa, tu n’es pas mon père, oui, mais tu as mon nom. Je te souhaite un joyeux anniversaire. Il déchire le papier qui enveloppe le livre. Ah, quelle surprise. Merci, mon fils. Retour chez moi. J’essaye à nouveau dans la journée. J’y vais en vélo, j’ai un rendez-vous avec des machines, maintenant j’y suis, et je t’écris, chère M, cette lettre depuis la laverie à l’angle de la rue F et de la rue R. Demain, je quitte la ville de N.

Aujourd’hui, c’est le troisième jour. Aujourd’hui, c’est le cœur du troisième jour. Les médecins sont optimistes. Il va survivre. La mère aussi. Fléau des villes sera son nom. Planquez vos femmes. Il inspirera l’amitié , mais aussi de la crainte et du respect. Et. Je ne sais. S’il nous vient du matin ou du soir. Mais personne jamais de ceux qui sont venus chez moi ne s’est plaint d’avoir trop longtemps attendu. Tiens, pour toi, douze brebis, pour toi, huit cochons, pour toi, deux bœufs. Chère C, je t’écris depuis la laverie où la machine lave mon linge afin que j’ai des habits propres pour la fête du jour anniversaire de la naissance de mon père. Baie vitrée à ma droite. Un aveugle chante, dehors : si je te crève les yeux, ta mémoire en est du coup décuplée. Fais-moi confiance. Je te crois. Je garde mes yeux. Avec eux, je bois selon mon cœur. Avec eux, je pleure. Il avait honte de pleurer devant les autres. Chère C, je me souviens de ce salaud qui m’a pris en photo. Non. Je me souviens de la photo. Je pleure sur la photo. Il a agrandi la photo. Il me l’a offerte. Etait-ce pour le jour anniversaire de la naissance de mon chagrin. Tu te souviens. De cette pièce recouverte de photos de l’enfant unique. Et le lendemain, tu apprends qu’il y a un autre enfant dans la maison. C’est moi, le frère. Je suis le frère de celui absent sur les photos. Mon père est parti à la guerre. Alors, tu me ramènes mon frère. Non, je te ramène ton père. Merde. Allez. Sans rancune. Buvons ensemble. Ainsi, à tout le monde il put dissimuler ses larmes. Sauf à moi. Arrêtez moi, quand vous voulez, dit l’homme au fauteuil vert. Il a plongé dans le livre. Si on ne l’arrête pas, il y reste. Reviens, reviens, on est là. Il. Ne veut pas revenir. Canaille. Reviens. Mais pourquoi. Ils sont très gentils avec moi, ici, ils m’accueillent. Nous jouons ensemble. Course. Combat. Saut. Disque. Boxe. Lutte. Il n’est rien de pire que la mer pour vous abattre un homme. Il n’est pas pour un vivant plus haute gloire que celle qu’il retire de ses bras et de ses jambes. Il fait ici une probable allusion à une épopée disparue. Le souci : me détourne des jeux, moi qui ai tant souffert, tant peiné. Est-ce qu’ils vont me croire. Je veux rentrer. Reviens, reviens. Ils jouent ensemble. Ils veulent me faire jouer. Reviens, reviens. Je peux bien jouer encore un peu. Dans la pièce centrale, où nous sommes réunis, dans la maison éphémère de notre commun récit, une femme, s’en va, et embrasse l’homme qui ne va pas se taire comme ça jusqu’à la fin de sa nuit. Oh, houle douloureuse. Là-dessus, sans quitter l’écharpe, il bondit. Et quitta son écharpe, dans la laverie, l’homme à l’autre bout de la table. Il me fait un peu peur. Est-ce que je lui fait peur aussi. Je parle tout seul. Même un aveugle, étranger, discernerait ta marque en tâtonnant, elle n’est pas mêlée aux autres. Nul n’ira aussi loin, encor moins au-delà. On ne défie pas qui vous accueille. Défier l’homme qui vous reçoit en pays étranger : ce serait s’amputer soi-même. La laverie, c’est le lieu de qui. Je fus trop rudement défait par les vagues sans nombre, n’ayant pu garder à bord des vivres jusqu’au bout, et j’en ai les genoux rompus. C’est explicite, il me semble. Ecoute, la suite : nos coureurs sont prompts et nos marins insurpassables, et nous aimons les festins, la lyre, les danses, les bains chauds, et les lits, et les vêtements souvent changés. Tu veux que je te fasse un dessin. Oui. Je veux bien. Fais-moi un dessin s’il te plaît. A la rame, à la course, à la danse, comme au chant. Et en reflet dans le hublot de la machine séchant les vêtements maintenant propres pour la fête du jour anniversaire de la naissance de mon père, je vois, presque enfants, de jeunes gens autour de l’aveugle, dehors, et leur pieds battent le sol. Emerveillé, je suis des yeux les éclairs de leurs pas. Et l’aveugle chante maintenant le récit de la belle, du boiteux et du guerrier. L’homme au fauteuil vert qui passe par là le remercie. Plus tu chantes, plus ils t’écoutent, plus ils oublient ma présence. Ainsi, je peux rester. Continue. Ainsi. Cela dura sept ans et plus. Accroché, à son fauteuil vert. En tout lieu de l’espace. Mille ruses, et toujours il restait. Cependant, un matin, Chère S, je te raconterai la suite de mes folles aventures lorsque je serai de retour, chez moi, oui. Car j’aspire à la chaleur de mon foyer. Une fenêtre est sans vitre dans cette laverie et demain, je prends la route. Exactement en direction de là où tu me proposais de me conduire cet été, mais, oh chose fabuleuse, c’est ailleurs alors que je voulais aller. Tandis que tu remues ciel et terre en cette heure pour trouver accueil à ton tour en telle ou telle demeure qui voudra bien de toi et de l’éphémère armée dont tu. Retour chez moi. Et là. Stupeur. Considérez plutôt. Où ce couple vient se coucher. Jusqu’en mon propre lit. Ce spectacle m’accable. Mais quel que soit leur amour ils en auront bientôt assez d’être ensemble. L’aveugle est sur le balcon. Maintenant. Toujours dehors. Il retarde, accompagne et décrit mon retour. Demain, je prends la route. Les cautions des méchants sont méchantes cautions. Je ne peux ni ne veux refuser ta parole. La tienne. Pas la sienne. Et tous ils posaient les très beaux dons pour toi auprès de la reine. Moi, je lui fais don de ma très belle coupe d’or, afin que tous les jours il pense à moi chez lui. Là. dans la solide salle. L’auteur. Le poète. U. Le récit. Le retour. Par l’écrit. Le récit, lui, est au présent. L’écrit, au passé. Je le salue à travers mon chagrin. Et tu demandes au poète de nous chanter l’exploit de tes propres aventures dont le récit a précédé ta venue. Il dit comment. L’on n’entend pas les mots du poète. L’on entend une voix qui résume le récit du poète. Les larmes et le sperme de U. Les sécrétions de U. le secret de U. une mer sans moisson. Va. Reviens. Va baiser. Va baiser tes larmes, va pleurer tes baisers. Vaste monde va. Et reviens de tes larmes, reviens de tes baisers. Ton secret, je vais te le dire. L’enfant dont ta charrue ne déchira pas les entrailles : il te vit pleurer. Et fut de tous le seul qui s’en avisât. Il fut le seul à dévoiler tes larmes. Voilà pourquoi tu redoutes tant ce retour où ses yeux qui t’on vu pleurer à nouveau te regarderons. N’esquisse pas, dans un esprit de ruse, ce face à quoi désormais tu te tiens. N’esquisse pas, non plus, ce que je vais te demander. Car ici nous possédons des machines qui traversent les mers sans pilotes. Car ici nos machines, toutes seules, devinent les pensées, les desseins des hommes. Ainsi nous sommes. Nous. Aussi je prédis que pour cela nous allons payer. Et j’invente la malédiction qui va nous frapper. Et je l’invite à advenir. Ainsi nous pourrons toujours prétendre en être les maîtres. Lorsqu’elle nous frappera. Qu’il ne soit pas dit que cela qui arrivera ne fut pas dit avant qu’il arriva. Aussi, n’esquisse pas, et dis-moi pourquoi dans le secret tu soupires et tu pleures. Et si tu sais le dire dis-moi comment l’homme toujours choisit sa ruine et la choisit éclatante pour qu’on le chante encore après sa mort. Je te dirais tout cela. Ami. Mais. Demain. Veux-tu bien.

Je veux bien. Oui. Mais avant que tu partes, laisse-moi te demander encore ceci. A l’instant de ton retour. Et tandis que chacun de tes pas te rapprochent de chez toi. Laisse-moi te demander à quoi ressemblent tes mains. Ne me les montre pas. Je voudrais que tu m’en parles. Parle-moi d’elles quand elles touchent. Parle-moi d’elles quand elles tiennent, saisissent, caressent. Parle-moi d’elles dans ta nuit. Ne montre rien. Parle-moi. Et si tu veux bien, je te dirai moi comment il m’arrive de prendre à bras le corps ta parole et comment avec elle aucune mort ne sait plus m’atteindre, aucune dent me mordre. Tiens, prends mon cou.

Il y a. Un œil seul. Au centre de ton visage. Je ne suis pas certain qu’il t’appartienne. Il y a. Une île. Au centre d’un paysage dont le souvenir s’efface. Il y a. Une grotte. Des buissons odorants et des arbres de toute essence cachent son entrée. Il y a. Une bouche. Un trou. Dans le silence. Non. Un trou. Au centre du visage. De là, lui est sorti l’enfant. La parole sera mon seul enfant. Lui avait dit son fils, ce jour où il l’avait vu pleurer. La parole, et les larmes, seront mes seuls enfants. Lui avait répondu le père.

Chère -, quel est le nom de cette île où tu habites. Moi, j’ignore le nom de la mienne. Je le jure. Le voici. Un grand trouble de penser que tu pourrais comprendre que c’est à toi que j’adresse ses mots. A qui tu parles. Un grand trouble. De penser. Un grand trouble. De comprendre. Mais cela. Ne suffit pas. Voilà. C’était le nom de mon île tout entière, le nom tout en entier de mon île. Et le nom de la tienne quel est-il.

Chère M. Crois qu’il est possible que déjà je t’ai oublié. Occasion rêvée, me dis-je, pour nous, de nous voir, et comme si de la première fois. Si nous devons nous revoir. Ainsi. Non. Je n’ai pas tout oublié. Pas tout à fait tout. Non. Ton regard.

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