24.11.07

Ensuite. [3/12]


3. Dimanche. 14. Jeudi. 1. Ville de N.


Et je demande qui. A écrit. Tous ces livres. Tous ces livres auxquels chacun tourne ici le dos à l’instant de prendre la parole. Qui. A écrit. Tous ces livres. Qu’il s’avance. Là. Celui qui. Je veux le voir. Je le jure. Je ne demande rien d’autre. Je jure. Ne demanderai rien d’autre. Je jure que c’est cela seul que je veux savoir. Cela seul que je demande. Le voir. Cet œil qui entend, je veux le voir. Il y a. Cet homme, là. Je veux savoir le très peu qu’il sait sur les raisons de ma présence en ce lieu. ça se voit, il sait peu. ça s’entend, à son silence, le peu qu’il sait de moi. Je lui demande. Et face à toi, si je viens guetter dans le dire des hommes qui m’entourent un écho à l’image brûlée d’avoir été mise face à ton œil, c’est pour la reconnaître, intact, l’image brûlée, avant le feu. Et. face à toi. Attention, petit, C n’est pas C. Un cœur n’est pas un chœur. Un corps, est face à la multitude. Toujours. Effaça la quoi ? H. Le temps. 20h05. Jeudi. Jour des morts. Premier rhum arrangé. Repas avec les amis. Ce sont eux, les amis, ici. T, G, L, M, S. Aujourd’hui. Le messager des yeux s’est senti redevenir un enfant. Le lien ne se fait jamais : que PAR LA CONCORDANCE DES TEMPS. Tu ne voulais pas jouer la fiction. Non. Je ne voulais pas jouer la fiction. P, joue pour toi la fiction. Oui. Cet autre, ce corps, autre de toi, joue la fiction du sommeil pour toi, s’allongeant sur ce lit, installé par toi, et dans lequel tu ne dormiras pas. Tu as créé un leurre. Ce lit. Tu refuses la fiction installée par toi. Tu crée le leurre, d’un décor qui ne servira pas, à ce qu’il annonce. Un des corps. Oui. Le leur. Ces corps, ce sont les leurs. Le mien. Ce lit. Un corps allongé. A la vue des autres. Ecrire. A vue. Dormir. A vue. Vivre. A vue. C, elle lit, C, elle dit bonjour, C, elle dit bonjour trois fois. Et la femme à la caméra filme le lit vide. Est-ce qu’elle dit bonjour en filmant. Jour des morts. Avec P. Le lit avec P, le lit sans P, le lit réel. C’est de la fiction. Le lit vide la fiction. Retour. C’est premier soir. Et toi, d’où tu viens. D’ou viens-tu. Quel est ton nom. Quels sont tes parents et ta ville. J’entends. C. Elle dit : à suivre. Elle dit : résumé. Episode, précédent. Résumé. Episode présent. Résumez, résumez. Il en restera toujours quelques tours. Je lis. Et toi, d’où tu viens. Moi, je viens des yeux. Il m’a fallu passer au travers d’eux, j’étais derrière, dedans, je ne voyais rien. Les yeux : leur véritable nom : par eux le désir de l’homme. Vois là les mots. 23h52. Voilà le temps. 20h30. De. Nous. Avons les moyens techniques pour lutter contre les yeux. Et vous. Allez pouvoir me croire. Elle dit. Branche un micro. Branche-moi un micro. Branche-moi un micro dans le corps. Fais-moi entrer les machines dans le corps. Elle dit. Et sa voix faible envahit l’espace. Les yeux. Sont cachés dans les gaines plastiques isolantes. Dans le flux. Le voilà ton nouvel œil. As-tu les moyens techniques pour réinventer, pour inventer, pour maîtriser, ton nouvel œil. As-tu un corps en capacité d’être traversé par ton nouvel œil. Nous avons créé de nouveaux yeux pour tuer les yeux anciens. Permanence de l’œil. Dit C. Nous n’avons pas bougé, je confirme. Dit C. Dit G. Nous n’avons pas assez chanté, jamais, nous ne chanterons assez. Tu entends. Là-bas. Ton nom. Quelqu’un t’appelle. Par ton nom. Etre nommé, par ton nom. Etre nommé, par la chose que tu nommes. Tu ne seras pas G, pour moi, tu seras la terre. Je te nommerai terre, avec toi je prendrai la parole, terre, à toi, je parlerai. Avec toi. Avec P. J’appellerai mon père au secours. Je lui réclamerai la vengeance. Eh, father, venge-moi, papa P : exécute la commande, et, pauvre U, pauvre you, pauvre toi, sans toit pendant dix ans sur la mer, salaud creveur d’œil de fils de P papa P. Résumé. Résumé de l’épisode précédent. Chaque œil est maintenant vu et montré comme une figure de l’inconscient. J’accueille. Chaque figure comme un œil ouvert sur l’inconscient. Résumé. Des épisodes précédents. Nos corps sont présents. Nos voix lisent. Disent. Repartent. En mer. Lecture de la mer. Le secret de U, c’est la lecture de. La mer. Elle est où. La maison. Le voilà le secret de la mer. Le récit de la mer. Elle est où la maison. Qui l’a bâtie. Nous sommes dedans. Le monde autour. Nous faisons dans la maison le récit du monde autour. Y sommes-nous jamais allés. Vas-y, lis, vas-y nage. La discussion, ce sera plus tard. Parole. Dite. Parole. Lue. Parole. Ouvre et attend parole en retour. Parole attend. L’écoute. Parole demande. Silence. Parole impose. Parole entend. Parole pour. Entendre. Parole pour. Parole. Donne. Parole. A. La parole. A. Entendre. Parole. Pendant laquelle. Taire. Accoster. Cesser. Paraître. Entendre. Une parole. A taire. Et rien entendre. De tout. Et n’entendre rien du tout. Il retourna. La vraie vie c’était quand. Entendre. Un son. Etait possible encore. Un son. Que personne jamais n’avait entendu. Sur terre. Oh my son, my sun, on the sea, oui je vois. Il chanta la beauté de cela qu’il avait inventé. Oseras-tu chanter la beauté à la face de C. Quand les loups. Ne se comportent pas comme des loups. Les hommes. Sont changés en porc. Cesser. De paraître. Autre que ce que. Vous êtes. Nous. Sommes. Revenez quand vous serez. Vivre, et penser comme des porcs. Une femme raconte à vingt corps allongés ton histoire. Une femme raconte l’histoire d’un homme. Il aimait sa mère au point de lui faire un enfant. Toute la beauté de ces femmes. Est demeurée dans leur voix. Qui sont-elles. Dans leur voix, il y a le récit de ta vie et tu veux la rejoindre. Dans ce pays en temps de paix : la sirène de la ville ne sonne qu’une fois par mois. L’avion qui décolle tout à l’heure, dans le ciel brumeux. L’avion. Une ombre dans la brume. Dans ce pays où la guerre souterraine que chacun subit sans la nommer a pour nom vas-y nomme-la, le chant de la sirène n’envahit la ville qu’une fois par mois. Bonne nuit. Les petits. Il est midi. U, lui, est le seul à avoir entendu leur voix. Avec O. Il a joué de la lyre, celui-là. Vérifier. Origine de la concurrence. Pour ne pas crever. O. Les sirènes. Chercher. Doux comme une femme. U, lui, il entend, il veut entendre. U, lui, il entend. Il se fait attacher. Il veut entendre ou il veut se faire attacher. Il veut les deux. Il veut tout. Il est comme ça, U.

Le conteur est celui qui écoute. Avec ça, tout est dit. Bonne nuit. 13h54. Vendredi. Faire une sieste. Samedi. 8h56. Est-ce que la parole est sombre. Je ne vois pas les yeux. Je vois une matière alimentant mon cœur et s’écoulant de ton crâne par l’oreille. Je dévide la pelote. De tes pensées. Ça te sort par l’oreille. Un fil qui s’épaissit, je le tiens entre mes dents. Il m’entre dedans. C’est lui qui fait mon cœur. Si je desserre l’étau des dents. Est-ce que tout te revient. Et mon cœur, alors. Est-ce qu’il devient tien. Je n’en ai plus. Est-ce qu’il me reste mais seul. Je desserre l’étau de mes dents. Je garde mon cœur. Oh non donne le moi. Il y a un fil de parole. De toi à moi. Il dit l’espace entre. Ce qui de toi sortait du corps et pénétrait jusqu’au cœur du mien, est désormais entre nous. Détaché. Et. Notre bien commun. Cher G, ton sourire à ma droite, le premier soir que je te vois. A ma gauche te souviens-tu de la jeune femme, jeune fille. C’est un soir où je vous laisse. Racontez-moi. Racontez-moi. C’était comment, lorsque je n’étais pas là. Comment c’était, là, où toi tu fus, là où tu vécus. Je te revois. Tu reviens. Assieds-toi. Tu dois être fatigué. Laisse-moi croire que tu n’es pas une ombre. Assieds-toi. Buvons un verre, toi et moi. Et que le soir nous caresse. Merci. Merci d’être venu. Comment te quitter, maintenant. Cher S. Des pensées souvent vers ce secret que tu m ‘as dit. Et dans lequel j’ai cru reconnaître la personne dont tu me parlais. Je l’ai reconnu. Je la connais. Aujourd’hui, face à elle je sais d’elle une chose qu’elle ignore que je sais. Je vais lui dire. Je vais t’en parler avant. Je vais rompre le secret. Pour moi, face à elle. Je te le dis, aussi. Pensées vives vers toi. Comment vas-tu. Il n’habite plus la ville de N. Je t’écris, pour avoir de tes nouvelles. Cher L, j’ai bien reçu ton mail. Grand plaisir à l’idée de se voir avec I et toi pour travailler à l’inconnu de la forme de ce film. Je vois des plans très lents autour de la maison. Je vois la pierre des murs, filmés de l’extérieur. Je vois l’entrée de l‘usine. Je vois les papiers de la boucherie. J’imagine un film très silencieux, à l’écoute des sons du réel, et la parole de M et le bruit de 68 et la musique de I comme des temps qui viennent déranger ce silence, ce calme, ce trop calme. Il y a un paradis. Un âge. Et c’est un rêve. Le réel est dans la profusion. Chaque vie comme un trait qui chaque jour se prolonge, continu, ténu, tenace, au sein de cette profusion agitée dans laquelle. Cher S, cher L, c’est bien heureux de vous connaître, et plaisir de penser à vous. Et plaisir à la pensée de se revoir. Cher G, souvenir de votre voix. De votre regard. De votre attention. Et de ces mots que vous nous lisez sur une feuille sortie d’un cartable, la dernière nuit. Pour cela merci. Je vous parlerai, un autre jour, de la cour de l’école et du préau principal à gauche et de l’autre à droite et des trous dans le sol, cratères pour nos jeux de billes. Si jamais nous nous revoyons. Si jamais vous lisez ces mots.

Jeudi. Avant-hier. Faire le résumé de ce qui va se passer après. Tous les jours, ça se répète, et pourtant, quelque chose avance. On le sait. Le dire. On sait le dire. Ne pas. Dire les choses. Les faire. Ne pas faire commentaire. Ne parler que de ce qui a lieu. Ne pas dire tout de ce que tu penses. Combattre la négation. Une rivière. Deux canards. Marche au bord de l’eau en direction du nord. Il y a des maisons, sur l’eau. Des péniches. Il y a des familles en promenades. Jour des morts. Au bord de l’eau. Les vivants marchent. Il y a 9 x 150 = 1350 hommes, face à 9 taureaux. Quelle terre cache ton père. Tu veux savoir. Quel fut son destin. Tu veux savoir. Quels pensers se cachent dans son âme. Tu ne mentiras pas, cette fois. Pourtant, je ne sais pas encore user de paroles prudentes. Ne t’inquiète pas. Petit homme. Les pensées que tu n’auras pas trouver seul, quelqu’œil te les soufflera. Je. Il. Ne prononça pas une prière différente. Sa fin nous demeure obscure. Préciser. Où il est mort. Préciser. L’espoir que tu me parles de sa triste fin. Conte-moi tout. Dans le détail. Quoi que tu aies pu voir. Souviens-t’en aujourd’hui, pour moi, et dis-moi la vérité. Les grands noms des grands morts de la grande guerre. Menée là-bas. Les petits noms. Les petits morts. Petite guerre. Ici, tout proche. Pas la peine d’aller à l’autre bout du monde chère-cher, toi, pour chercher quoi. Petit-déjeuner. Pause. 9h58. On n’a jamais réussi à tuer son successeur. Concordance des temps. Réplique. Un tremblement de terre. Esquisse pour une auto-analyse. Ton père, s’il est bien vrai que tu sois son enfant. Le temps du passé excèdera toujours le temps du récit. Tu m’excèdes. Tu. A la toute fin. Tu. Ne me seras plus redevable de rien. Ne nourris en ton cœur nul espoir de voir ce temps arriver avant la toute fin. Ne nourris en ton cœur nul espoir de voir ce temps arriver. Mais crois bien qu’il arrivera. Que ta vie en soit la preuve. Et qu’à l’instant d’après l’instant de ta mort ne vienne que la confirmation. Et. Pas pour toi. Ta vie pour toi. Ta mort pour qui. Ta vie. Que ta mort soit fière de ta vie. Immortel, non. Eternel, oui. Il dit. M, et A, sont encore à T. M prend la mer, sans dresser les hécatombes. A dresse les hécatombes. U prend la mer avec M. U s’en retourne et rejoint A. C’est N qui le dit. N, lui, resté avec M. Les survivants. Rentrés chez eux. Les noms des survivants. Le récit de la trahison doublée de meurtre, et de la vengeance par le fils, tandis que l’oncle, sept années s’étant écoulé, depuis la fin de la guerre, est de retour sur sa terre, enfin, et apprend la trahison doublée de meurtre, et la vengeance par son neveu. Raconte N. Sois courageux, pour être glorifié plus tard. T, le fils, demande un pouvoir pour chasser, pour châtier, les affreux. U, le père, il reviendra pour ça, l’exercer, ce pouvoir, et le passer, le donner, le transmettre, l’exercer, une dernière fois, châtiant les affreux, son fils, à ses côtés. Dans l’autre maison c’est seul que le fils châtiera, puisque le père est mort. Là, c’est la femme fidèle. Dit-on. Aucun crime n’a été commis. Si ce n’est celui d’avoir voulu, d’avoir désiré. C’est cela, le crime des prétendants. Ils seront châtiés d’avoir désiré. Dans l’autre maison, ce n’est pas 108 morts (moins les deux ou trois épargnés) mais deux, seulement. Le meurtrier du père. Et la mère adultère. T, le fils. O, le fils. La concurrence de deux récits. Vivre l’heure du retour. En vérité, il ne rentrera plus. Le grand âge. U, il est aussi sage que s’il était cent huit fois plus vieux que lui-même. Dit-on. Il a tant dilaté le temps. Sur la mer. Sur ce point, je te dirai toute la vérité. A, c’est la sœur de P. Ah, le voilà, le récit du meurtre. N’oublie pas : sans E, jamais O n’aurait tué A. Seul, il ne l’aurait jamais fait. Sans sa sœur, jamais il n’aurait. Il fut le bras, mais c’est ensemble qu’ils ont tué. Ainsi, enfant, n’erre pas trop longtemps loin de chez toi. Sept ans. Huitième année. Tout récemment. Il ne mentira pas. Le soleil se coucha, le crépuscule vint. Détachons. Les langues. Mélangez. Le vin. Accueillons tous les étrangers, quels qu’ils soient. Un an. Un vin. Très doux. Vieux de onze ans. Une vache. D’un an. Le dernier. De ses fils. A n’être pas encore marié. C’est moi. La fille du matin. L’aube au doigts roses. L’un s’avança, et frappa. L’autre égorgea. Entre-temps, la belle P baignait T, et c’était la plus jeune entre les filles de N. Puis les deux jeunes princes montent sur le char. Prennent les rênes en main. Font claquer le fouet. Le soleil se coucha. L’ombre envahissait les rues. Je répète. Le soleil se coucha. L’ombre envahissait les rues.

Direction le nord. Nuit tombante. Bientôt le noir. Vous avez la carte du magasin ? Non. Je longe le cours d’eau. Je tourne à droite. Le mémorial, c’est plus haut. Je marche vers lui. Je guette les panneaux. Je lis les plans de la ville. Aucune trace du mémorial. Le stade de la ville de N. Une masse obscure dans la nuit tombée. Un tramway. Direction centre. Errance dans les rues. Tel un clochard. Ecrit-elle. Lire dans les bibliothèques. Départ dans six minutes. Lire dans les tramways. C’est bien, le tramway, c’est chaud. C’est chauffé les lieux publics sont chauffés, tu y croises certains autres, frères en errance autre. Fin de journée, avaler les alcools fort, achever le jour. Ça y est, le voilà mort. Le prochain vivant peut venir. Qui es-tu. Attendre les amis au comptoir. Manger avec eux, ce soir. Boire un dernier verre chez L et M.

Des lieux. Une ville. Un bar. Un restaurant. Une maison. Des amis. Un vélo.

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