24.11.07

Ensuite. [10/12] - Version 2


10. Décembre 2007


Et le gardien des vents nous accueille. A lui, je raconte tout de ma vie durant tout un mois. A lui, je raconte tout de moi dans l’ordre de ma vie sans ordre. Quand je veux partir, il organise mon retour. Il est comme ça, le gardien des vents. A ses fils, il donne ses filles pour épouse. A moi, il offre une outre dans laquelle il enferme les vents contraires. Il m’offre les vents contraires enfermés dans une outre. J’enferme l’outre dans la cale du bateau. Je ne dis rien aux hommes qui m’accompagnent de ce que le gardien des vents a pour moi enfermé dans l’outre. Les hommes veulent savoir ce que le gardien des vents a mis dans mon outre. Les hommes veulent voir. Les hommes seuls marchent sur les chemins dominant la ville et quand leurs yeux se croisent ils veulent savoir. Les hommes seuls marchent sur les chemins dominant la ville et quand leurs yeux se croisent ils demandent il y a quoi dans ton outre à toi. Dans mon outre, il y a les vents contraires et dans la cale il y a mon outre et durant neuf jours, neuf nuits, nous naviguons, et le dixième jour, paraît le rivage natale, le dixième jour, je vois le rivage natal, le dixième jour, je suis proche à le toucher, proche à le voir. Je ne suis pas prêt. Je m’endors. J’ai gouverné seul pour arriver jusqu’à si près. Je suis fatigué. Toujours se méfier de ceux qui te disent qu’ils sont fatigués. Tu veux vivre encore. Vas-y. Dors. J’ai gouverné. Je m’endors. Et les hommes qui m’accompagnent. Veulent savoir. Ce qu’il a mis dans mon outre. e gardien des vents. Les hommes qui m’accompagnent. Ouvrent mon outre. Et les vents contraires maintenant libres me disent quand tu seras seul enfin tu pourras vivre le retour. Et. Mon cœur sans reproche en silence reste avec les vivants. Et. Mon cœur sans reproche parle d’inventer une voie. Parle de la creuser dans les vents, jamais contraires. Il ne t’est pas permis d’aider un homme qui poursuit la haine de son désir, dit mon cœur sans reproche. Ainsi, je reprends la mer, plein de tristesse. Et les hommes qui m’accompagnent voient des fumées s’élever de la terre. Une terre, de passage. Ici, les hommes qui en foulent le sol en meurent. Seuls, ceux restés à l’écart survivent. Seuls, ceux restés avec moi survivent. Seuls, ceux restés à l’écart, serons de retour. Seuls, ceux de retour, dirons comment l’on vit une femme plus haute qu’une montagne. Seuls, ceux de retour, dirons comment nos corps d’homme nous les confrontèrent à l’échelle de la taille des éléments naturels. Seuls, ceux de retour, verront une femme descendre l’escalier pour leur souhaiter la bienvenue. Seuls, ceux de retour, grimperons à l’échelle avec elle et en haut de l’échelle verront son époux. Seuls, ceux de retour, dirons comment heureux d’être vivants, et pleurant nos compagnons morts nous accostions enfin chez C. Seuls, ceux de retour, dirons comment une fois débarqués, nous sommes restés couchés, rongés d’angoisse et de fatigue. Seuls, ceux de retour dirons, comment nous vîmes une fumée monter du ciel, le troisième jour. Seuls, ceux de retour dirons comment dans mes entrailles je tuai un animal géant, comment il s’abattit dans la poussière, comment son âme s’envola, comment nous le mangeâmes, fastueux festin, comment des loups et des lions doux comme des moutons nous accueillirent et comment le règne du silence commença, comment, l’appel à taire par le silencieux tissage du récit triompha de l’indéchiffrable, et comment, souterrains, les injonctions se combattaient en secret : Rester. Dehors. A l’écart. Entrer. Ceux. Qui entrent. Meurent. Ceux. Qui restent à l’écart. Ne vivent pas. Dedans. Trouver. Le plaisir. Aller. Le chercher. Délivrer. Le délivrer. Rester là, un temps. Repartir. Oublier, le retour. Oublier, tout oublier. Devenir, animal. Sauf l’esprit. Ne pouvoir dire un mot. Avoir le cœur frappé. Ne plus penser. Gémir. Rester seul, dehors. Flairer l’embûche. Savoir. Que tu ne reviendras pas. Savoir. Que tu ne ramèneras. Aucun des nôtres. Fuir, avec les derniers survivants. Penser, pouvoir éviter, le jour fatal. Y croire. Y aller. Revenir. Quitter le navire, quitter la mer. Etre parqués, comme des porcs. Dire tout. Sauter sur C. Lui donner la mort. Faire comme si. Trembler de peur. T’offrir mon lit. Le partager. Ne pas refuser. Prier. Jurer. Par le serment majeur. Par ta virilité. Par la racine noire, d’une fleur de lait. Par le nom de la fleur, difficile à arracher. Par le nom de la fleur, difficile à prononcer. Mourir. Peiner. Arracher. Manger. Espérer. Connaître l’animal, en toi, l’animal en toi non parqué, au côté des porcs. Faire le chemin, mille pensées troublant ton cœur. T’arrêter devant l’entrée. Entrer. Crier. Ouvrir les portes, scintillantes. Entrer. Crier. Te souvenir de avant. Te souvenir de après. Notre lit. Son lit. Le lit. Les mots, comme un geste. Les hommes, changés en porcs les changer en hommes. Redevenir un homme. Plus jeune, plus beau, plus grand qu’avant. En apparence. Seuls, ceux de retour dirons, comment lorsqu’ils me voyaient, ils reconnaissaient leur pays, leur cité, les rivages où ils avaient grandi, les villages où ils étaient nés. Seuls, ceux de retour dirons, comment à me voir ils exultaient autant que s’ils étaient de retour. Seuls, ceux de retour dirons, comment mon visage avait une image de la mort inscrit à même la peau, et comment, chaque jour, je leur montrai mon visage, et comment, le reste du temps j’étais avec C, délice, et cela, jusqu’à ce que le printemps revienne, cela, toute une année durant. Seuls. Ceux de retour dirons. Comment la délicieuse m’annonça : si tu veux revoir le sol qui te vit naître, il te faudra en passer par le pays des morts. [= Entreprendre un autre voyage = il te reste encore tâche infinie =] Seuls. Ceux de retour diront, comment ravaler les sanglots et traverser l’océan. Seuls. Ceux de retour dirons, comment ne pas perdre courage. Comment rejoindre, sans attendre, rien. Comment voir venir la route, comment voir venir les mesures de la route. Seuls. Ceux de retour dirons, comment de ce lieu je ne pus revenir tête reposée. Seuls. Ceux de retour dirons, comment de ce lieu je ne pus les ramener, tous. Seuls. Ceux de retour dirons. Comment. Seul. Je suis de retour.

A 10h18. Chez moi. Bruit de l’aspirateur, dans le couloir, bruits des pas des hommes qui descendent l’escalier, bruits des pas du monde, derrière la porte à droite, derrière l’écran, derrière le mur, à l’ombre, à gauche, derrière la baie vitrée, à travers, vue sur grue géante tractant un chariot jaune depuis la rue derrière l’immeuble en fin de construction jusqu’à la rue en bord de rivière. Sur la table. Les lieux. Où tu as vécu. Les lieux. Que tu as vu. Un récit écrit depuis divers points de souvenir. Un récit écrit avec le souvenir des lieux. Avec l’écrit des lieux, les sons des lieux. Souviens-toi, j’étais là. Et toi où étais-tu. Et toi, que m’en diras-tu de ce temps où loin de moi tu vécus. A l’instant du retour, chez toi. Comment diras-tu ce que tu as vu. Ce que tu as fait. Ce que tu as. Comment le dire. Et à qui. De retour, chez toi. Tandis que tu rentres chez toi. Tu marches. Tu y penses. Te voir me fait penser. A quelque chose. Penser. Me fait voir. Me. fais-moi penser . A. Faire le portrait de tous ceux que j’ai vu. Entendu. Cru. Voir. Entendre. Il m’a semblé que. Ne fais pas semblant. Instance majeure, mentir, ne pas mentir, écrire à vrai, retraverser à vrai, comme on dirait à cru, on accroît la masse de la matière à donner à lire, voilà de quoi l’on participe. L’homme au fauteuil vert. La femme au piano du mois de juin. Un trio deux hommes une femme, une voix, des cheveux sombres, un teint halé. Elle est retrouvé / quoi / l’éternité / c’est la mer allée / avec le soleil. C’est parce que P se fait sauter la tête et meurt que je connais ces vers. Deux hommes, deux compagnons, une masse, un corps plein d’alcool, à tout moment, il peut se lever et venir te frapper, il est assis dehors quand tu t ‘en vas. La masse de son corps. Il pourrait me frapper, je n’y survivrai pas. Coup de couteau dans la chair du mollet droit. Je ne sens que le coup d’abord, puis la chaleur du sang. Choisir, les mots justes. Ne parler que de toi. Chaque mot part de toi. Les as-tu donc inventés. Les as-tu donc de toutes pièces tous créés. Ici. 11h58. Création du monde. Sans cesse remise à la table. Chaque jour. Bonne appétit. Vaste monde moins vastes vies en vaste monde. Combien sommes-nous. Chère M, je t’écris depuis la mort, où je m’ennuie. Ce n’est pas tout à fait vrai. Ce n’est pas tout à fait moi. Cette phrase. Ne m’appartient pas. Elle me revient. Je vais maintenant la creuser, je vais y trouver son vrai, son vrai trou, dedans, je vais sombrer. Je vais sonder le vrai trou de la phrase. Un trou, dans ta face de menteur. Je creuse. Un trou. Je fais. Un pas. Sur la table. Chaque jour. Me revient. A la table. 12h16. Pause. Manger. 13h03. Reprise. Chère M, hier, j’ai vu M. Chère M, je t’écris pour te parler de M. Chère M, je t’écris pour te dire qu’il y a un château dans la ville. Il y a dans la ville une carte du monde. Il faut la trouver. Il y a dans mon crâne une carte du monde, il faut la trouver. Il y a dans le monde mon crâne au dehors de mon crâne le monde et je n’y suis pas. Il y a un chemin de mon crâne à ton cœur. Un chemin de parole, écoute. Comment elle écoute la parole du cœur, la pensée. Comment, attentive à la parole du cœur, elle poursuit par d’autre chemin l’écoute. 10h56. 11h02. Ci-gît. La pensée. Matière d'une écriture en constitution. Ce qui m'intéresse. La périphérie du cœur. Présent. Le cœur du travail. Le présent. Les notes d’hier. Incarner. Incorporer. Elle couche avec l’ami de son fils. Tu veux dire l’amant. Ah non, je ne crois pas, l’ami. Maintenant que tu me le dis, je repense à. N’est-ce pas que ça te choque. Quoi. Qu’elle couche avec son fils. Je ne comprends pas. Eh bien, oui, elle couche avec son fils. Je ne comprends. C’est bien ce que tu veux dire : couchant avec l’ami de son fils elle couche avec son fils. D’autant plus : si l’ami du fils est un amant du fils. La mère et le fils se partagent la queue de l’ami du fils. Qui suis-je ? Ah. D’accord. JE POURRAIS AIMER SANS RISQUE. Déjà dit. Raye ces pages. Tu les a déjà recopiées, les notes de ces pages. Mais. Je ne me souviens pas. Tu vois. Raye quand même. Mais. Je fais autre chose, avec, aujourd’hui. Est-ce que tu vois. ET. SI CE N’ETAIT PAS LUI. Raye, je te dis. CE SOIR, JE NE TE DIS PAS. C’était hier, oublie. Je ne veux pas oublier. Ils ne m’ont pas mis là pour que j’oublie : le voilà mon nom véritable, et tu peux me croire : c’est eux qui me l’ont donné. C’était avant hier. Je dis. Hier. Tu te souviens. A qui je parle. Quelle est cette pièce dans la quelle je me trouve. 11h15. Viens. Viens à la maison, ton père vient de naître. Eh bien, il était temps.

Le film brisé de ma vie. Une angoisse. Et s’il ne me restait plus qu’un jour à vivre. Je rentre. Où je vais encore un peu plus loin. Un blanc. Entre deux images.

Les dés. C’est les dieux. Viens m’aider. Viens me lire. Viens m’élire. Dieu de ta lecture. Non. Je ne lirai que la mienne et te jure de tenter l’impossible [ah, vous êtes tenté ?], l’impossible de t’entendre, toi, et rien de moi en toi, je n‘y crois pas. Eh bien, va te faire foutre.

Il est moins guerrier. Il a la bouche pincé. Il arrive pas à parler, là. ça va venir. La colère. Va sortir. Tu vas voir. Je ne veux pas voir. Je ne veux plus voir. Je veux un corps à vivre. plus rien à voir. J’effacerai la distance du jour où je vins à celui qui vient. Crève-moi les yeux. N’obéis à aucun de mes ordres. Un rapport. Un monde. Une ville. Sept lieux pour sept jours. Et chaque semaine, encore sept. Pas un jour de ta vie au même endroit. Mais. Tu n'es pas obligée de t'en aller pour autant, merci. Les amis. Les ennemis. Les liens tissés dans le secret des lits amis. Une image. La route qui descend. Et là-bas la montagne au-loin c’est là-bas que tous nous courons. Quand il a plu, l’image est précise. L’image brumeuse, la chaleur. Une ligne d’horizon. Un espace blanc il est en moi, je l’extrais je le dresse au dessus de moi il reste blanc. C’est l’image cramée du jour où je n’étais pas et où ils se virent. Dans le feu qui crama l’image j’écrirai le monde et jusque dans ton corps si le feu qui crame en toi n’éteins rien du mien. Dis-tu. Nourris-moi. sers-moi. raconte-moi. assemble-moi. Réassemble-moi. toi-même. Toi-même. Toi-même. Ne parle pas. A genoux. Il y a une clé. Aussi grande que toi. Et tu lui tourne le dos. Vas-y. sors de la maison, sans elle. Aussi grande que toi. Un dessin. A l’échelle de ton corps. Un dessin. Plus grand que toi. Oui, oui. toute ma vie. esclaves. Porcs, porcher. Un seul homme gardien des hommes, quel est son nom. Paysans, gardiens de la terre. Gardiens du secret, c’est ce que nous sommes tous, à notre insu, écrivant. Bergers des peuples. Est-ce que les femmes sont le peuple. Est-ce que la femme le porte en elle. Je répondrai par mon corps est le nom véritable de l’instance majeur. Hypothèse 3. Un soleil en haut à droit. Une joli maison bien au centre ave des fenêtres par lesquelles voir le monde. Et mourir. Les maisons sont toujours là. Nous nous retrouvons là, maison commune, éphémère. Nos vies silencieuses. Côté à côte nos corps. Face à face. Ecoute, écoute, encore, silence, le seul tic-tac au rythme jamais le même de l’écoulement de notre. Oh. Pas déjà. Non. Retour. Non. Non. Une tentative de cartographie du désir en vie.

La marche. Ils reviennent dans la maison et je n’y suis plus. Il se demandent par où je suis parti. Je suis parti en même temps qu’eux. Nous sommes de retour en même temps, mais pas ensemble. autour de la table nous faisons récit de nos vies séparées maintenant qu’elles sont réunies. Selon l’attention que nous portons à la parole dite, nous pouvons dire avec plus ou moins d’honnêteté : maintenant, nous sommes ensemble. Je suis partie du même temps. En partie. Une partie. Je suis en partance. Une dernière fois je reviens. C’est pour partir à jamais que je reviens. Une fois encore. Et cette fois. Je te dirai tout. Tu vois : je ne suis pas prêt de repartir. Je mange du papier. Est-ce que ça nourrit, le papier. Est-ce que ça peut remplacer la viande, le pain, les légumes. Les mangeurs de pain. Les mangeurs de papier. Les mangeurs de mots. J’avale tes mots, je les bois, nourris-moi du son de ta voix. Je longe la voie ferrée. Une voix de fer. Métal. Un bras de fer. Croiser des hommes seuls. Attendre l’apparition d’une femme, nue, à la fenêtre, elle m’attend, nu, je marche, dans les rues, je viens, je fais le tour de la ville par les hauteurs, puis je descends, je marche entre les murs, dans la ville. Je me retourne sur les hauteurs que je laisse derrière. Là j’ai vécu ma jeunesse. Regards vers. Le jeune homme du dernier soir. Il avait trente ans mais il rentrait encore chez lui par la fenêtre. Il habitait au quatrième étage. Il est tombé. Il est mort. Les hommes seuls qui marchent dans la ville ont tous trente ans et tous ils rêvent de rentrer chez eux encore longtemps par la fenêtre et sans mourir. Il y a. Des lieux où ils se croisent. Il y a. Des lieux où ils vont. Il y a leurs yeux quand je les croise. Il y a leurs yeux qui m’arrêtent. Il y a des lieux où ils s’arrêtent. Des lieux où ils se rencontrent. Je fais le tour de la ville par les hauteurs. Rue du docteur petit. Rue du docteur petit prolongée. Alors, mon grand. Mon petit. Mon petit père. Le petit père. Dépeuple. 16h36. Ville de C. Lumière grise, jour tombant. Montaudou. Fantasmes sexuels à marcher seul. Branler. Me faire branler. Me faire sucer. Dans la marche. Erection dans la marche. Une maison en ruines. Une chair flasque dans laquelle sans érection je peine à pénétrer dans laquelle je m’agite. Angoisse. Reconnaître l’immeuble, en divers immeubles. Les terrains de tennis, la ville. Chercher Patrick. Est-il encore là. Trouver Patrick. Je ne reste pas pour le voir jouer. C’est le trouver que je voulais. Le voir, lui. S’il était seul à jouer, contre un autre, peut-être je resterais. Là, il est avec un autre. Je ne reste pas. C’est moi, l’autre. De dehors, je le vois jouer, à travers la baie vitrée. Je traverse le jardin lecoq. Les otaries ont disparues. J’attends l’apparition d’une femme nue derrière les fenêtres des maisons. Il est 18h00. Il fait nuit. Place de Jaude. Le calme de la place. Il couche avec la meilleure amie de sa mère. Il couche avec la meilleure amie de son meilleur ami. Il couche avec sa mère. Il est grave. Il n’est pas triste. Il envisage d’en rire. Pas toujours. Le pire. Parfois. Il n’est pas malade. Il est un peu seul. Il n’a pas fini. Allo, maman. Où est-ce que je suis né. Un temps. Un rire. Une réponse. Pu pire. Un soupir. Allo, maman. Quand est-ce que je suis né. Il est seul. La question lui revient. Elle était pour lui. Tu fais quoi ce soir.

Nathalie. Thérèse. Le jeune homme du dernier soir. Le jeune homme du dernier espoir. N, la trahison avant même d’avoir agi. Je suis traître à l’être. Avant l’être même. Les geste de la main, oh mais pourquoi je fais ça, ça y est c’est déclenché, ça y est, l’histoire est lancé. As-tu des souvenirs heureux de nous. je ne me souviens que du pire. Je me souviens d’abord du pire. Les souvenirs heureux c’est dans le village. Le village de M. dans la montagne. La vacance de la vie. parfois, cette douceur d’être. Sans avoir à être. Une vacance à la vie. Un sentiment intense de présence. De communion avec l’élément naturel. L’espace d’origine. Le paysage : est muet. C’est l’expérience de la séparation par excellence. En ce temps-là nous voulions faire du cinéma. En ce temps nous voulions faire la révolution. Qu’avons-nous fait de travers. Mais rien. vous n’avez rien fait de travers. Vous n’êtes pas les responsable de la vie de ceux d’après. Un film réalisé. Le pré lointain. Quel naufrage. Mon titre. Ma vie : la réalisation, la mise en réel, la mise au norme du réel sans norme préexisante, des images prises avant ma naissance même ouimais par qui. C’est moi sur la photo. A bientôt. Au revoir. Le dernier soir où tu fus jeune homme. Où tu fuis le jeune homme. Le dernier espoir d’aimer ce jeune homme. Qui te fait. Face. Que tu es encore, pour quelques semaines encore. Les moments heureux, ce serait quoi les souvenirs heureux, tu as quoi comme souvenirs heureux. Ici ce sont les premiers jours de ta vie. ici, à P, la veille de notre commune venue. Le jour de ton retour. la veille de ce jour où face à face chacun à un bout de la table sous la lumière nous écrivons le récit de comment il prit la mer et jusqu’en nos corps présent fit retour. dehors c’est la nuit qui tombe. Dehors c’est la nuit tombée. Nous sommes réunis dans la maison, commune éphémère. Comme un éphémère temps où nos vies partagent l’espace présent : le récit même du temps. Sans fin. Sans arrêt. Instance majeure : ne t’arrête jamais. Le gest de la main qui vient toucher ton épaule sur le pont enjambant le fleuve. Ville de P. C’est le début de l’histoire. Stade du miroir, brisé : sept ans de malheur. Ne dis pas ça. Chère T, ainsi c’était pour te protéger et non contre moi. le silence à mon égard. Ce ne fut pas un silence. Ce fut le refus d’un signe de reconnaissance par le regard. DEUX MORTELS QUI SE VOIENT NE PEUVENT PAS S’IGNORER LONGTEMPS. Non, je n’aimerais pas mourir ici. terre natale. Et la terre où tu meurs c’est quoi son nom.

‘’Déceler une histoire relève de la conscience, non de la sensibilité, qui vécut un temps absolu, sur quoi l’inscription marque peu’’. HL. Une odeur forte. L’odeur du marqueur. L’odeur des traces. C’est le marqueur de chaque heure de ma vie. c’est l’heure. Marche. Au marqueur j’inscris sur les corps les noms des lieux dont ils rêvent pour le dernier retour. C’est mardi. C’est l’heure du retour. J’inscris sur le carton le nom de la ville de N. J’inscris de mon corps le nom de la ville où je vis. J’inscris de mon nom le corps en cette ville où je reviens pour mourir. [Quand ils marchent il y a des trucs qui tombent. Ils marchent dans la pièce au dessus. Qui sont-ils. Il y a. dans les étages de la maison commune éphémère des corps qui marchent et qui n’ont trouvé aucune voix pour dire comment Ils allèrent à la mort. je serai. La voix des muets morts sans récit. Est le nom véritable de.] Tout remettre à sa place avant de partir. pas de trace. Des traces. La poubelle. La gomme. Les tickets de métro. Les babouches. C’est vide après mon départ. C’est vide avant. Avant, il n’y avait rien. [entre l’envie, les envies et les temps de ta vie, quels écarts. Qui parle. Où. Et à qui. Je répète. qui parle. Où. Et à qui. Commande, et instance. Mes cernes, l’apparition de mes cernes. La fatigue. Tu n’es pas encore assez fatigué. Les cheveux blancs bouclés au dessus de l’oreille gauche. les premiers poils blancs dans la barbe dans un miroir d’une chambre d’hôtel, ville de P. Ine erreur de placement sur certaines cartes. Chez VD. LS. Ecriture adolescence : la poésie. Une barque à la place des morts. A la place des noms. A la place des mots. A la place des rames. Une rame de métro. Un stade nouveau dans le récit de la vie. Les stades. Les cercles. La sensation du sol dur sur les pas humides. Ville de T : 3 – 0. Désenchantement : rationalisation. Esprit : puissance d’une fiction du multiple. Erreur. Esprit : puissance d’unification du multiple et de multiplication de l’un.

Echo. Un écho à mes larmes. C’est la vie qui reprend. Il n’y a personne ici. peut-être que la vie s’était arrêté pendant. Un être de l’extérieur à la maison entre dans la maison et la vie absente apparaît. Je ne sais pas comment continuer. Est-ce que ça veut dire que c’est fini.

La marche. départ de la maison. Longer la voie ferré. Les hommes seuls. Les femmes nues. Des fenêtres ouvertes. Des fenêtres éclairées dans la nuit. Est-ce le soir où le matin. C’est l’hiver. Le pyasage indescriptible et sa beauté. Ta nécessité de t’arrêter un temps et d’être immobile pour voir. Parler de ce paysage à M. ne pas essayer le décrire. Simplment dire que ce temps a eu lieu. simplment dire ton émotion. Ton arrêt. Arrêté par l’émotion. Un temps suspendu. Les dés roulent. La roue tourne. La relancer sans cesse. Je ne veux pas la réponse. Je reformule incessamment la question. Ma seule réponse. Grimper. Comment continuer la phrase. Verbe transitif. Intransitif. Grimper à. Grimper sur. Gravir. Gravir la montagne. La mort de l’enfance. La mort d’un enfant. Il reconnaît son enfant en détournant la charrue. Il comprend par la charrue que c’est lui son fils. Il perd l’innocence. Il devient père. Et prend la mer. Gravir. Gravir la montagne. Contourner la ville par les hauteurs. Rejoindre la ville. Chercher l’ami dans la ville. Le trouver quand tu n’y crois plus. Tu n’y crois plus. Mais le mouvement de la marche est lancée. Tu n’as plus besoin d’y croire. C’est en toi. Tu le trouves. Tu le vois. Tu lui parles. Il t’a vu. Tu reprends ta marche. tu traverses le jardin municipal. Il est plus petit que dans le souvenir. Sa traversée, moins longue que dans le souvenir. L’ami alcoolique. Est-ce que vous avez une cigarette. La place au centre la ville. Peu éclairée. Retour dans la maison, commune.

J’adore quand les gens viennent travailler ici. j’aodore qiuand tu viens chez moi et que tu me travailles dans le crâne. Est-ce que je te dérange. Heureusement que tu me déranges. Est-ce que je demande une autorisation pour écrire à l’intérieur de ta maison. Sur les murs de ta maison. A même le sol, à même les murs : dedans. J’écrirai : dans ton corps. Paroi intérieur. Parole pénétrante. Paysage intérieur. Tu vois. Le monde vaste et brute. Tu vois la nuit, les rues, la ville, jour et nuit. C’est dedans le même trafic. Un océan. L’espace de ma vie. Ecris avec moins d’énergie s’il te plaît. Tu fais trembler les murs. Tu me fais trembler les parois. Mon cœur va lâcher. Larmes, larmes, larmes, alarme. Je ferai trembler les parois du cœur de la maison. Elle ne survivra pas à mon passage. Je veux te survivre. Je survivrai à la maison. A la terre. Pour cela je prends la mer, espace mental, je deviens fou, j’oublie tout de ma folie, vingt ans passe, maintenant tu as vingt ans, as-tu oublié mes larmes. Père, ne me dis rien. laisse-moi faire trembler les parois de ton cœur. Ta maison. Laisse-moi l’oublier. Laisse-moi écrire à la même table que toi. Non. Non. Laisse-moi. laisse-moi. Et il reprit la mer. Afin d’éclairer l’espace par la trace de son passage, de sa venue, de son départ, du souvenir qu’il laissa dès lors en chacun de qui il fit trembler les parois de. Cœur, demeure, éclaire, espace. Une distance. Une ligne ininterrompue. Ecrite à même l’espace.

A qui appartient à cette maison. 13h23. Samedi. Jour du dernier mois. Ranger. Faire de la place. Ranger les traces. Les mettre à l’abri. Archiver. Protéger les indices et la mise en forme du récit afin qu’elle demeure telle que nous l’avons inventé. Et que chacun maintenant lise le récit selon le seul présent de soi.

La rivière. Le stade. La maison de l’amie. Les voitures. Le téléphone. La marche vers l’autre ville. La nuit. Le froid. les gants blancs de ma mère. La marche dans l’autre ville. L’ami. Le silence et la nuit tombée. Le retour et nous trois, comme au premier jour, pour le premier repas du premier soir. Dernier mois de l’année. L’heure de la suite s’abandonne en confiance, avec un son particulièrement clair, et puissant.


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